SAKAWA
Le Ghana reçoit des déchets électroniques de nombreux pays. Dans ses décharges se cachent des trésors : les données personnelles qui sont contenues dans les disques durs des ordinateurs. SAKAWA, le documentaire de Ben Asamoah, raconte comme, grâce à ces données, des jeunes ghanéens arrivent à entrer en contact avec les vieux propriétaires en Europe ou aux États Unis et à les arnaquer en simulant des improbables histoires d’amour.
« Gagner 40.000 dollars et partir en Italie ouvrir une ferme », c’est le projet de OneDollar, l’un des protagonistes de Sakawa. Au Ghana, des centaines de personnes ont recours au « Sakawa », l’escroquerie financière sur Internet. Ben Asamoah nous introduit au sein de cette communauté de fraudeurs qui échangent sur leurs expériences et conduit le spectateur à remettre en question son point de vue. Si l’Europe pille le continent africain depuis des siècles, les jeunes Ghanéens ne font-ils pas qu’exploiter les ressources qui sont à leur disposition ?, semble demander au public le réalisateur…
Ben Asamoah est un jeune réalisateur belge ghanéen, il a grandi au Ghana et a déménagé en Belgique avec sa mère alors qu’il était adolescent. Il étudie les arts audiovisuels à RITCS Belgium, où il a obtenu son diplôme avec son court métrage Black. Après ses études, il est retourné dans son pays d’origine où il a découvert que ses amis d’enfance avaient commencé une carrière dans l’arnaque sur Internet, ce qui a abouti à la création de son film Sakawa (2018).
« Nous recevons tous souvent des courriels d’inconnus nous annonçant que nous avons gagné à la loterie, qu’il y a de l’argent qui nous attend quelque part ou qu’une jolie femme aimerait nous rencontrer dans un salon de discussion (chat) … Mais qui sont les gens qui essaient de nous piéger ? Quels sont les événements humains à l’origine du phénomène de la fraude sur Internet? Même aujourd’hui, la plupart des films sur l’Afrique sont encore réalisés dans une perspective occidentale, ce qui fait apparaître une image unilatérale du continent, marquée par la guerre, la pauvreté et la souffrance. Ce que les médias occidentaux ignorent souvent, c’est l’incroyable résilience et l’optimisme auxquels les Africains peuvent faire appel pour résoudre leurs problèmes. Sakawa en parle : la structure et le style du film sont conçus pour permettre au spectateur de partager cette façon africaine de voir et de penser. En se mettant à la place des protagonistes, en sympathisant avec leur histoire et leur attitude, les spectateurs s’inscrivent dans un nouveau mode de vie. Sakawa nous conduit ainsi à la découverte du monde africain de la criminalité en ligne, mais montre en même temps que les sakawa-boys sont aussi des gens qui vivent dans la pauvreté, à la recherche d’une vie meilleure. Sakawa n’est pas seulement une pratique illégale, mais aussi une façon de survivre, et chaque protagoniste a ses propres raisons : aucune d’entre elles n’est bonne, aucune n’est mauvaise, tout comme pour chacun d’entre nous ». (Extrait d’un entretien avec le réalisateur, Ben Asamoah, sur cineagenzia.it, traduction de l’italien C. Cirelli)
Sakawa a été coproduit par la société belge IntiFilms et l’enseigne néerlandaise Pieter van Huystee Film, avec le soutien de la chaîne flamande Canvas, de l’antenne hollandaise BNNVARA et de YLE Finland. Les ventes internationales du film sont gérées par l’agence allemande Rise and Shine.
Distinctions
- 2019 – 2020 : Mondovisioni, Festival de la revue Internazionale – Ferrara (Italia)
- 2019 : Durban International Film Festival – Durban (Afrique du Sud) – Sélection
- 2019 Edinburgh International Film Festival – Edinburgh (UK) – Prix pour le Best Documentary Feature Film
- 2019 : Millenium – Festival international du documentaire – Bruxelles (Belgique) – Compétition internationale
- 2018 : IDFA – International Documentary Festival Amsterdam – Amsterdam (Pays-Bas) – Sélection
Fiche du documentaire ici : https://www.idfa.nl/en/film/ee5d1981-4372-465a-a77b-be594ea6f6d0/sakawa
Bande annonce du documentaire ici : https://www.siff.net/festival/sakawa
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Claudia CIRELLI (25 mai 2020). SAKAWA. SUD. Consulté le 19 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/umd6