Habiter le monde en jetant. La place des déchets en Mongolie contemporaine. Soutenance de thèse en anthropologie sociale et ethnologie, EHESS , 20/12/2024

Cette thèse s’attache à dénaturaliser le cadrage environnemental des déchets en Mongolie contemporaine pour y interroger les manières de se séparer des objets et des matières qui traversent les domiciles et les corps en mouvement. Elle démontre que loin d’être l’envers de la société, définis par leur négativité et leur exclusion, les déchets sont des objets avec lesquels les Mongols habitent et fabriquent le monde au quotidien. À partir d’une analyse lexicale déployée sur le temps long et d’une approche micro-ethnographique, cette thèse s’intéresse aux relations entre les humains et leurs déchets à différentes échelles : celle du corps en mouvement – l’acte de séparation et les gestes ménagers –, du domicile – la yourte, la maison auto-construite et l’appartement – et de ses abords, ainsi qu’à celle de la ville et de la steppe. Elle explore le concept mongol de déchet, hog hajagdal, ainsi que la manière dont les objets-déchets s’inscrivent dans les modes d’habiter l’espace. L’étude de la variabilité des matières mises en mouvement, de leurs trajectoires, de leurs rythmes et des cadres de référence mobilisés pour les penser remet en question la conceptualisation du déchet uniquement comme une « chose jetée » et comme « a matter out of place » pour les inscrire dans l’impermanence.